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NIHILISTE

encore au caractère étrange de sa physionomie.

Je m’écriai avec un accent de haine farouche où toute ma jalousie éclata soudain :

— Je les tuerai tes amants ! entends-tu ? Je les tuerai et toi avec ! Vous avez beau vous cacher, je vous chercherai si bien que je découvrirai votre retraite, et tout votre sang ne suffira pas à ma rage !

— Je n’ai qu’un amant : c’est toi. Tu peux me tuer : tiens, je n’ai pas peur !

Elle prenait mes mains, qu’elle liait autour de son col en forçant les doigts de se joindre.

Mais, je l’attirais pour embrasser ses belles lèvres rouges, et, pour un moment, mes soupçons se calmaient.

Vers minuit, elle m’offrit du thé et s’en versa elle-même, très naturellement. Je la priai de lever un peu l’abat-jour de la lampe, et pendant qu’elle avait, le dos tourné, je répandis rapidement le contenu de ma tasse au milieu des roses d’une jardinière.

Terka ne vit rien, et quand, peu d’instants après, je fis semblant de tomber de sommeil, elle crut de bonne foi que son subterfuge avait réussi.

Je fermai les yeux et m’allongeai dans mon fauteuil, ainsi que je faisais chaque soir.

La jeune femme se leva, et vint appuyer ses lèvres sur mon front ; je ne bougeai pas. Alors,