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NIHILISTE

qu’elle m’offrait, et, comme la première fois, je le jetai parmi les fleurs. Lorsqu’elle me crut assoupi, elle s’échappa avec une hâte fébrile. Je sortis sur ses pas, et la suivis dans le jardin. L’homme était là. Il tenait un paquet assez volumineux à la main, semblant se dissimuler derrière les arbustes. La jeune fille, après lui avoir fait signe de la suivre, le conduisit silencieusement à la porte de son atelier. Déjà, elle glissait la clef dans la serrure, quand je m’avançai vivement et lui mis la main sur l’épaule. Elle poussa une sourde exclamation, et se jeta sur l’homme, comme pour lui faire un rempart de son corps. Ce mouvement m’exaspéra, je pris le revolver dans ma poche ; et, presque à bout portant, j’allais faire feu quand, prompte comme l’éclair, elle abaissa mon bras. Le coup partit dans les branches, sans blesser personne. Alors, je me ruai sur le groupe, frappant au hasard, hurlant de rage, complètement affolé. Ce qui se passa au juste, je ne le sus jamais. Un effroyable choc me renversa, je perdis connaissance.

Mes domestiques et les voisins, accourus au bruit, me transportèrent chez moi ; une fièvre cérébrale se déclara, et, pendant plusieurs jours, je demeurai entre la vie et la mort.

Quand je repris connaissance, je demandai Terka ; mais elle avait disparu depuis la fatale

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