Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
UNE VENGEANCE

Georges mit un doigt sur ses lèvres.

— Il est des choses dont il ne faut point parler, dit-il. Il est d’effroyables secrets qui doivent descendre dans la tombe…

— Des secrets ?…

Il tressaillit, et reprit avec un rire convulsif.

— Je ne sais ce que je dis, je suis fou !… Au moins, cette nuit, je dormirai tranquille : Clairon est mort !

— Clairon ?…

— Oui, mon chien. Il hurlait sans trêve, je l’ai fait tuer.

— Ah ! cette pauvre bête que j’ai trouvée sanglante au seuil de ta demeure ?…

— Ne m’en parle pas. Depuis une date fatale il me torturait de ses horribles plaintes ; mes cheveux en ont blanchi !

— Tu aurais pu l’enfermer, de façon à ne plus l’entendre ou bien en faire présent à quelqu’un.

— J’ai tout essayé ; il revenait sans cesse sous mes fenêtres. On l’a battu, martyrisé, privé de nourriture, rien n’y a fait. Aussi me suis-je décidé à employer un moyen radical.

Pendant que mon ami parlait, je voyais son regard se diriger vers le même point sombre de la pièce, et ses pupilles dilatées faisaient deux

taches noires presque aussi larges que l’iris de ses yeux.

11