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UNE VENGEANCE

leversé par l’étrange événement, il me semblait que Bérénice s’agitait encore dans toutes les convulsions et les affres de l’agonie, malgré l’état de décomposition évidente de son corps. Je faisais de vains efforts pour comprendre. Certes, il y avait crime, mais pourquoi cette monstrueuse figure de chair et de métal avait-elle été apportée en cette chambre de douleur ?… Etait-ce pour y maintenir l’obsession de la mort, le navrement de l’horreur et l’angoisse affolante du cauchemar ?… Etait-ce une vengeance, enfin ?…

Le trouble, les hésitations de Porto me revinrent à la mémoire :

Peut-être en savait-il plus long qu’il ne voulait l’avouer. Son silence même ne prouvait-il pas sa culpabilité ?

Je résolus d’éclaircir la chose immédiatement, et je sonnai le nègre qui devait toujours se tenir prêt à descendre au moindre appel.

Il ne tarda pas à paraître, en effet.

Je m’étais placé de façon à cacher les débris de la soi-disant statue, afin de les lui dévoiler tout d’un coup et d’arracher à son épouvante l’aveu que, sans doute, je ne pourrais obtenir autrement.

— Porto, lui dis-je, tu as toujours été fidèle à ton maître ?

Il me regarda avec anxiété.