Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
UNE VENGEANCE

— Je ne sais pas. Madame semblait comme affolée ; elle était certainement trop innocente pour craindre un piège.

— Mais toi, misérable ! tu aurais dû parler, avertir ton maître !

Le nègre, devant ma colère, se blottit dans un coin, et leva le bras contre sa tête dans un geste de naïve terreur.

J’eus peur de ne point en apprendre davantage, et je repris d’un ton radouci :

— Allons, parle, c’est le seul moyen de sauver ta peau.

— Vous me promettez de m’épargner, Monsieur ?

— Je ne te promets rien, coquin ! Songe que je t’écraserais comme un ver, si tu me poussais à bout.

Porto se mit à trembler de tous ses membres.

— Je dirai ce que je sais. Mais, je jure que je ne suis pas coupable du crime ! Si j’avais pu prévoir cet effroyable malheur, je me serais fait tuer plutôt que d’y participer ! Je portai donc la lettre à l’inconnu dans la journée qui suivit, et il me donna les cinq pièces d’or qu’il m’avait promises.

» Le soir, Madame sortit à l’heure convenue, en prétextant le choix d’un livre à la bibliothèque. Nous traversâmes à la hâte les longs corridors et, sur le perron, nous rencontrâmes l’étranger.