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RÉINCARNATION

pait, sans qu’elle pût pénétrer les causes de ce brusque revirement.

Au retour de son ancien fiancé, elle essaya de renouer les liens rompus de leur intimité. Mais il se déroba à toutes ses avances. La raison en était simple, et une fille plus experte en matière d’amour que ne l’était Bérengère, l’eût facilement devinée. Ghislain avait échappé à sa domination, parce que son cœur s’était éveillé et avait battu pour une autre. Tout à coup, il avait entrevu les joies ardentes de la tendresse inspirée et ressentie ; invinciblement il avait été attiré, par une force inconnue, vers un être créé pour lui, et qui, lui semblait-il, réunissait toutes les séductions physiques et toutes les perfections morales. Cette merveille, pourtant, n’en était point une aux yeux des profanes qui ne lui reconnaissaient qu’une grande beauté jointe à un charme souverain. Peut-être le jeune homme ne l’eût-il point remarquée, si elle ne s’était trouvée là, juste au moment où son cœur s’ouvrait, avide de joies nouvelles et de sensations troublantes. Un courant magnétique s’établit de l’un à l’autre, et ils s’aimèrent sans s’être jamais parlé.

Djalfa appartenait à une de ces troupes nomades qui parcourent la France, chantant dansant, tirant les cartes, et disant la bonne aventure. Pieds nus dans le sable, les hanches serrées par