Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
254
RÉINCARNATION

sans que sa voix la trahît ; ne voulez-vous point me recevoir comme une parente et une amie ?

Djalfa rejeta sur ses épaules les boucles cendrées de ses cheveux, et contemplant son ennemie avec un doux sourire au coin des lèvres.

— Soyez la bien venue, répondit-elle. J’ignorais que mon aimé eût une sœur ; mais vous lui ressemblez et vous devez être accomplie.

— Vraiment ! je lui ressemble ?

— Oui, beaucoup. Vous avez le même teint, les mêmes cheveux noirs. Comme il doit vous aimer !

Bérengère fronça les sourcils, un imperceptible tremblement agita ses mains.

— Il m’aime, dit-elle lentement ; mais il m’aimera plus encore si vous le voulez.

La bohémienne la regarda avec une expression d’incrédulité.

— Nul n’est bon et tendre comme lui. Je suis certaine qu’il vous a donné tout son cœur de frère, comme il m’a donné tout son cœur d’amant.

Une ardente rougeur couvrit ses joues, elle tendit la main à Bérengère qui s’assit auprès d’elle, et la pressa sur son cœur.

Le doux chuchotement des deux femmes s’en tendait seul dans la chambre close.

Une lampe d’albâtre, suspendue au plafond, les éclairait faiblement, et les gens de service, éloi-