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RÉINCARNATION

On ne saura jamais que vous avez passé la nuit ici.

— Et mon crime !… Pourrez-vous l’oublier ?

— Je vous pardonne. Allez en paix.

Elle se précipita sur ses mains et les baisa avec des transports de reconnaissance ; mais il la pria de se hâter, le jour progressant avec rapidité.

Quand elle se fut fébrilement habillée, et qu’elle eut disparu aussi secrètement qu’elle était entrée, il étendit sur le lit le corps de la bohémienne ; puis ayant lavé les légères traces de sang qui maculaient le tapis, il appela les domestiques.

Tous crurent ou feignirent de croire à une mort naturelle. Djalfa n’ayant ni parents, ni amis, personne ne s’inquiéta de son décès ; les obsèques eurent lieu sans obstacle.

Quelques curieux seuls assistèrent à la cérémonie, et, quand Ghislain d’Entrames sortit du cimetière, il n’eut à subir aucun compliment de condoléance, aucune poignée de main délicatement compatissante.

Pendant le reste de la journée, il erra au hasard, tête nue, les vêtements en désordre. Ceux qui le rencontrèrent le prirent pour un fou, tant ses gestes étaient incohérents, ses regards égarés.

Vers dix heures du soir, il rentra, et, après un

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