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RÉINCARNATION

celui de la femme légitime, aucun changement ne serait apporté dans la disposition de la demeure.

Le mariage attira beaucoup de monde, malgré la difficulté des communications. Un peu de curiosité pour le marié se mêlait à l’empressement que l’on mit à répondre aux nombreuses invitations que lancèrent les parents de la jeune fille. On savait l’idylle si étrangement commencée et si fatalement interrompue par la mort de la bohémienne, et les gens du monde se jettent avec avidité sur toutes les aventures romanesques que l’esprit de calcul et l’égoïsme actuels ont rendues si rares.

On plaignait un peu Bérengère qui, frémissante dans sa robe de moire blanche, baissait hypocritement les yeux.

Entrames attirait les regards de toutes les femmes présentes à la cérémonie. Il semblait grandi, très supérieur aux autres, avec quelque chose de froid et de volontaire qui en imposait.

Certes, ses préoccupations étaient bien loin de celle qu’il conduisait à l’autel. Un être différent vivait en lui, un être souffrant et inquiet qui s’agitait fébrilement. Il se demandait s’il ne se trompait pas, s’il obéissait bien aux injonctions de Djalfa, en donnant son nom à la femme criminelle qui n’éveillait en son cœur que haine et mépris. Toute sa science lui semblait mince,