Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
301
L’ÉTOILE DOUBLE

— Nous habitons une étoile, poursuivit ma compagne ; suspendue dans l’infini, elle s’appuie à une sœur jumelle, sans jamais la toucher, car leur marche dans l’azur est régie par un principe supérieur qui les maintient toujours à une égale distance l’une de l’autre.

» Elles gravitent en cadence dans les champs constellés, et, tandis que le soleil qui t’éclairait jadis, brillait, froid et solitaire, elles répandent autour d’elles l’ardente chaleur de leur affection. »

— Sommes-nous loin de l’ancien soleil ?

— A des millions de trillions de lieues, et, si tu pouvais entendre, d’ici, les mugissements de ton océan, les clameurs de ta foudre et les grondements de tes volcans, tous ces bruits, pour te parvenir, emploieraient la durée de plus de vingt millions d’existences humaines. Partout, partout autour de toi, brillent des mondes inouïs, mais notre propre éclat nous empêche de les apercevoir.

Comme elle parlait, je vis ses ailes étinceler d’une radieuse clarté bleue, puis, tout devint bleu autour de moi, et la colossale étoile, sœur de la nôtre parut à l’horizon.

Rien ne saurait donner une idée de sa merveilleuse splendeur. Il me sembla que des phosphorescences rampaient à mes pieds, que mes sens s’embrasaient, et tout mon être tressaillit d’une joie indicible.