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L’ÉTOILE DOUBLE

frémissaient. O bonheur ! nous étions deux à subir le stage céleste ; une autre créature d’élection avait été arrachée aux larves du tombeau pour faire pâlir les astres divins. En attendant, elle était aussi affaiblie que moi, et sa chair d’un blanc de nacre me sembla glacée.

— Mon frère… ou, plutôt, ma sœur, sois la bienvenue et reconnais en moi l’ami le plus dévoué, le plus sûr, le plus affectueux.

— Aaaâh…

Oh ! la jolie note ! et que de choses claires et vibrantes elle exprimait sans détours comme sans efforts : Je t’aime ! disait-elle ; je suis femme, je suis seule, je pleure et je languis !… Comme toi j’ai soif et je ne puis dormir !

— Il faut subir ces épreuves pour conquérir l’éternité.

— Qu’importe l’éternité si elle est à ce prix ! Ne te semble-t-il pas que l’oubli de la terre était préférable ?…

— Je ne sais… Mais, je serais heureux et fier de devenir soleil, et de répandre autour de moi le bien-être et l’amour dans un baiser de feu !

C’est une belle destinée qui ne saurait se payer trop cher !…

— Les étoiles souffrent peut-être comme nous, je crois que Dieu est le bourreau du ciel !

— Il faut pourtant bien qu’il y ait du bonheur