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L'ANARCHISTE

Je restai à la Cerisaie jusqu’au mois de janvier, enchanté de mon nouveau surveillant qui ne surveillait pas grand’chose, mais semblait, pourtant, se mieux garder lui-même — seul but que j’avais d’ailleurs ambitionné !

Un agriculteur des environs, bien pensant, brave homme et aimable compagnon, s’était lié d’amitié avec mon protégé, et cette fréquentation me paraissait devoir lui être favorable. — Puissent les saines idées et les bons principes de ce Guillaumet convertir Jacques à notre cause ! pensais-je, je ne saurais trop encourager cette intimité !

A vrai dire, j’avais assez de la campagne, et j’étais heureux de pouvoir confier à un tiers la direction morale de mon halluciné.

Je retournai donc à Paris, en priant la boiteuse qui, maintenant, écrivait comme une Sévigné, de me renseigner fréquemment sur les faits et gestes de son cher homme.

Elle me le promit les larmes aux yeux :

— Je vous écrirai chaque jour, Monsieur, si vous voulez bien le permettre, et vous raconterai notre existence, heure par heure.

— Non, mignonne, ce serait trop ! Une bonne lettre par semaine me suffira, à moins que vous n’ayez à m’apprendre un événement de quelque importance.