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L'ANARCHISTE

Ces choses-là sont contagieuses comme le choléra !

Plus je me fis doux et conciliant, plus le concierge devint agressif. Chaque jour amenait des vexations nouvelles ; aussi, me décidai-je à donner congé.

Ce ne fut pas sans mélancolie que je quittai cet appartement et ce quartier que j’avais habités pendant si longtemps. Il me sembla que je rompais violemment avec le passé, que ce qui avait fait ma joie jadis ne se retrouverait plus, et que mon âme changerait comme les êtres et les choses. Nous laissons à tout ce que nous avons approché une parcelle de nous-mêmes, mais lors que nous abandonnons une demeure aimée, le déchirement est plus cruel encore. Longtemps les facultés vitales de notre âme en restent affaiblies, et le souvenir attristé retourne aux lieux qui lui sont chers. Toute séparation prépare la disparition finale qui souvent, hélas ! ne touche qu’un corps et qu’un cœur déjà glacés.

Les nouvelles de Claudie que je recevais régulièrement m’étaient heureusement une consolation. Elle avait beaucoup profité des leçons que je lui avais fait prendre pendant ces derniers mois, et ses lettres pleines de sentiment et de poésie me touchèrent plus que je ne saurais le dire. En voici quelques passages dont je supprime les