Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
LES DEMI-SEXES

les moissons, les pluies pour féconder la terre et les brises pour emporter l’âme des parfums errants.

Georges voyait un accord parfait entre les créatures et les choses, parce qu’il n’existait guère qu’en lui-même, et l’habitude de la méditation l’avait rendu silencieux. Tout entier, de corps et d’esprit, il s’était voué à la réalisation de ses belles visions d’art ; il y avait jeté ses passions, le feu de la fièvre d’une nature ardente, sous un air de froideur trompeuse.

Au bout d’une heure, Camille se leva.

— Je reviendrai bientôt, dit-elle. Fixez vous-même le jour.

— Après-demain, si vous voulez ?…

— Soit, après-demain.

Elle se rhabilla hâtivement, puis, sur le seuil de l’atelier, tendit sa petite main au sculpteur. Il la serra distraitement et la laissa retomber, sans remarquer la moue désappointée de la jeune fille.

Dans la rue, elle congédia miss Ketty et prit un fiacre.