Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
LES DEMI-SEXES

disait qu’avec une semblable compagne, il ne pourrait concevoir ni exécuter une œuvre vraiment belle et forte. L’illusion avait fui ; il trouvait en lui et autour de lui, dans sa chair, dans son âme, dans l’air et dans le monde entier, une espèce de disparition de ce bonheur de vivre qui le soutenait et l’illuminait depuis quelque temps… Que s’était-il passé ?… Rien, presque rien. Elle ne lui avait pas reparlé de Philippe de Talberg et il ne l’avait pas interrogée à son sujet ; pourtant, il sentait qu’elle venait de lui faire des révélations qu’il aurait voulu toujours ignorer.

Certes, elle était belle, bien née, faite pour plaire, pour recevoir les hommages et entendre des fadeurs ; parmi tous elle l’avait choisi, s’était unie à sa vie hardiment, royalement… Il demeurerait quand même le serviteur reconnaissant de ses caprices et le spectateur résigné de son existence frivole. Mais, beaucoup de choses souffraient en lui dans cette espèce de caverne mystérieuse du fond de l’âme où sont blotties les sensibilités singulières.

Sans doute, il avait tort, et il avait toujours eu tort de ne rien connaître des coutumes mondaines et de vivre en sauvage pour la seule gloire de faire de belles statues ! Il arri-