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UNE ANNÉE DE PROFESSORAT

faisait trembler d’angoisse et tel autre, au pied de la lettre, vibrer d’espérance.

« Comme il aimait ses élèves, nous écrit le Père directeur, et comme ses élèves l’aimaient ! Non seulement il voulait leur apprendre du latin, de l’histoire et de la géographie ; mais il les préparait vraiment à leur vocation religieuse. Il leur parlait, de la manière la plus vive et la plus pénétrante, de la très sainte Vierge, du Sacré Cœur, du sacerdoce, et surtout de l’apostolat chez les sauvages. Quand en classe on avait été sage, et qu’à la fin il restait un peu de temps libre : « Les Missions ! disaient les enfants. Parlez-nous des Missions ! » Et il les captivait, il les séduisait. Plusieurs, dès ce temps-là, se sont dit comme lui : Et moi aussi, je serai Missionnaire ! Quelques-uns ont marché sur ses traces ; d’autres n’attendent qu’une parole autorisée pour aller là-bas continuer son sillon. »

L’un de ses grands bonheurs était de faire prier les enfants et de prier avec eux. Les enfants ont entre les mains, il le savait, le réservoir des rosées célestes. Volontiers même, il eût dit avec le poète :

Petits enfants à tête blonde,
Vous, dont l’âme est un encensoir,
Priez ! La prière est féconde.
Un enfant peut sauver le monde,
En joignant ses mains chaque soir[1].

Il ne faudrait pas croire, — nous n’hésitons pas à le dire, la première loi de l’histoire étant la sincérité, — il ne fau-

  1. Victor de Laprade. — On l’a déjà dit bien des fois, mais il est bon de le redire : le grand moyen de salut individuel et social, c’est la prière. Prions donc et faisons prier. Ayons surtout confiance dans la prière des petits enfants.

    En 1883, une des plus saintes âmes de ce siècle, Pauline-Marie Jaricot, la fondatrice de la Propagation de la Foi, écrivait à une amie, en vue des maux incalculables qu’elle prévoyait : « Il faudrait que chaque mère, dans le sanctuaire de sa maison, prit, tour à tour, sur ses genoux, chacun de ses enfants, et leur fit réciter le Pater et l’Ave, en soutenant leurs petits bras en forme de croix, pour honorer l’enfance du Sauveur. Si la foi de la mère est grande, que n’obtiendra-t-elle pas pour la France et pour ses enfants ! » Vie de Pauline-Marie Jaricot, par Mgr Meurin. Paris, Palmé.)