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BARCELONE

gigantesque et monstrueuse escroquerie. Le marquis de Rays est incarcéré, tenu au secret, déclaré coupable… Coupable, l’était-il ? En tout cas, il fut malheureux. Il en est mort.

VIII

Le frère Verjus tressaillit le jour où, pour la première fois, il entendit prononcer le nom de la Nouvelle-France. « Qui sait[1], écrit-il, ce qui peut en sortir pour moi ? Mon Dieu, tout ce que vous voudrez ! »

Bon nombre d’émigrants avaient répondu aux appels du marquis de Rays. Le P. Marie se fît tout de suite leur apôtre. Le bon Frère l’accompagnait souvent à la Posada de la Estrella, sur le port où ils étaient assemblés, entassés. « C’est quelque chose d’étonnant, dit-il, de voir l’affection que nous portent ces braves gens[2]. » Il ne sait pourquoi lui-même les aime tant. « Peut-être irai-je un jour les rejoindre… » « Le P. Marie « fait un bien incalculable ». Il encourage, il console, il prêche, il confesse, il catéchise, il prépare aux premières communions. « Oh ! s’il y avait beaucoup de prêtres de cette trempe[3] ! » Le 2 janvier, au discours des vêpres, tous les émigrants pleuraient. « Que de bien fait ce bon Père ! Que je voudrais être prêtre aussi ! C’est si facile de faire du bien ! Il n’y a qu’à le vouloir. Pourquoi donc s’en fait-il si peu ? Le P. Marie, lui ; le sème sur ses pas. Partout où il passe, il se fait des amis, et par conséquent des amis du Sacré-Cœur. Mon Dieu, donnez-moi ses qualités, ses vertus et sa distinction… Si jamais les Missionnaires du Sacré-Cœur vont en Nouvelle-France, la place est prête dans les cœurs. »

La Nouvelle-France, où il voudrait être déjà, ne lui fait point oublier cependant la mère patrie. « On dit que la France va bien mal. Que le Sacré Cœur lui fasse décrire

  1. 19 novembre.
  2. 1er janvier 1881.
  3. 5 janvier.