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BARCELONE
Rome, 25 mars 1881.

Très Révérend Père,

Depuis plusieurs années, le Vicariat de la Nouvelle-Guinée est vacant, faute d’une communauté religieuse qui veuille s’en charger.

Le Saint-Siège, qui porte le plus grand intérêt à cette importante contrée où n’existe aucune aucune Mission catholique, tandis que plus d’un ministre protestant y répand l’erreur, connaissant bien le zèle dont votre Paternité et les membres de sa Congrégation sont animés pour la propagation de notre sainte religion, verrait avec un très grand plaisir les Missionnaires du Sacré-Cœur se charger d’évangéliser ce vaste champ. Je ne me dissimule pas que, pour réaliser ce dessein, il faudra du temps et de la patience.

Mais, pour le moment, il ne s’agirait que d’envoyer seulement quelques prêtres de votre Congrégation, lesquels, tout en ayant la charge spirituelle des catholiques dont se compose la colonie de la Nouvelle-France, déjà établie là-bas, pourraient en même temps rechercher les moyens d’y établir une Mission et de pourvoir à l’entier Vicariat, resté, comme je l’ai déjà dit, vacant depuis bien longtemps.

J’ai la ferme confiance que votre Paternité accueillera avec plaisir la proposition que cette lettre renferme, et en vous priant de m’adresser votre bienveillante réponse, je vous souhaite dans le Seigneur tous les biens.

JEAN, cardinal SIMÉONI,
Préfet de la S. C. Propagande.
MAZOTTI, SECRÉTAIRE.

Le 16 avril suivant, le T. R. P. Chevalier répondait :

Éminentissime Cardinal,

La proposition que le Saint-Siège daigne nous faire par votre entremise nous honore autant qu’elle nous effraie. Nous étions loin de penser que Sa Sainteté jetterait les yeux sur les humbles Missionnaires du Sacré-Cœur pour leur confier une Mission de cette importance. Entreprendre l’évangélisation de la Nouvelle-Guinée et des archipels voisins est une tâche bien au-dessus de nos forces, assurément. Les mœurs des indigènes, leur caractère sauvage, leurs langues difficiles, le climat de ces contrées équatoriales, tout, en un mot, nous laisse entrevoir un apostolat des plus laborieux.

La lettre officielle, que Votre Eminence m’a fait l’honneur de m’écrire pour me transmettre le désir du Saint-Père, porte la date du 25 mars. Cette date est significative. C’est le jour que le Ciel choisit pour annoncer la nouvelle du salut par l’Incarnation du Verbe. C’est aussi le jour que Léon XIII a choisi pour nous proposer par son fidèle messager la Mission de la Mélanésie.