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BARCELONE

Dieu, je suis insupportable à moi-même. Je vous en conjure, ayez pitié de moi. Venez à mon secours. Tirez-moi moi de cet abîme où je me perds[1]. » « Toujours le même ! Quel affreux état ? D’où vient-il ? Je n’en sais rien ? Est-ce une punition ? Est-ce une épreuve ?

« Ô mon Dieu, comme c’est dur de sentir que l’on vous aime, et en même temps de se surprendre à hésiter à votre service ! Je passe des temps considérables à rêver. Le démon en profite pour me mettre en tête de singulières idées. Je ne me reconnais plus. Tout est en désarroi chez moi. Mon Dieu, sauvez-moi, je péris[2]. »

Pour sortir de ce douloureux état d’âme sans doute, il a demandé à faire l’heure sainte et à jeûner, Tout lui a été refusé. « Je me vengerai en détail », dit-il. Comme, à cause de ses fonctions de surveillant au dortoir et à l’étude, il lui est difficile de bien faire oraison à l’heure de règle, il prie les âmes du Purgatoire de le réveiller à trois heures trois quarts, et, pour ne pas succomber au sommeil, il écrit sa méditation.

« Un peu de mieux, grâce au Cœur de Jésus. Il me semble que le bon Maître me donne un peu de bonne volonté pour le servir de toutes mes forces. Je sens que le sacrifice seul peut sauver le monde... Les plus saints seront ceux qui auront le plus et le mieux souffert. La perspective de mes vœux me secoue[3]. »

Le bon Frère eût été heureux de faire une retraite avant sa profession ; mais, comme il devait tout à la fois suivre les cours du séminaire, faire la classe et l’étude aux enfants, sans préjudice de quelques autres charges, on ne put lui accorder cette faveur. « Le Sacré Cœur, écrit-il, permet sans doute cette très sensible épreuve pour me punir de toutes mes tiédeurs et me faire désirer davantage la retraite annuelle... Je veux être fort quand même...

  1. 8 mars.
  2. 9 mars.
  3. 11 mars.