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À TRAVERS LES OCÉANS


cette terre sauvage et inculte ; la voilà devenue arbuste chargé de feuilles et de fleurs.

« Oui, sa fraîcheur me recrée, son éclat me réjouit, sa vue me promet déjà une abondante moisson de fruits ;

« Mais, Seigneur, cette autre semence bien autrement précieuse de la divine parole que j’ai déposée ici dans le cœur de l’homme, quand, oh ! quand donc poussera-t-elle une feuille, donnera-t-elle une fleur, portera-t-elle un fruit ?

« Pitié, mon Dieu, pitié pour vos enfants ! Envoyez cette rosée céleste qui féconde tout ! Accordez-moi de voir poindre dans ces âmes un brin d’espérance, et votre serviteur, mourra en paix[1]. »

La céleste rosée qui devait féconder la terre inculte fut le sang du Missionnaire. Il coula, disions-nous, en septembre 1855. Le même mois de la même année, le cardinal Du Pont, archevêque de Bourges, approuvait la petite société naissante des Missionnaires du Sacré-Cœur.

Il y avait un quart de siècle que les Vicariats de Mélanésie et de Micronésie étaient abandonnés. Chaque jour, le Souverain Pontife priait pour qu’enfin Dieu fit miséricorde à ces pauvres sauvages.

Or, en ce temps-là, nous l’avons raconté, un homme entreprend de fonder une colonie en ces régions, non loin du Port-Carteret ou Nouvelle-Irlande. Plusieurs bateaux sont même partis, chargés de Français, de Belges, d’Italiens. D’après le « Journal de la colonie libre de Port-Breton », la Nouvelle-France, qui se publiait à Marseille, tout allait merveilleusement. Cette entreprise attire les regards du Vicaire de Jésus-Christ. De son côté, le marquis de Rays sollicite de Léon XIII quelques prêtres pour les besoins spirituels de la colonie dont il est le fondateur. Le chef de l’Église pensa que le moment était venu de

  1. Cité par le P. Jouet dans son livre : la Société des Missionnaires du Sacré-Cœur dans les Vicariats apostoliques de la Mélanésie et de la Micronésie, ch. II. Issoudun, 1887.