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À TRAVERS LES OCÉANS

faisant le service de Londres à Brisbane, passait par Batavia. C’est celui-là qu’ils désirent. Il les déposerait à Cooktown. Mais, au moment d’embarquer, les journaux de Batavia ont signalé quelques cas de choléra. La Compagnie « British India » craint de jeter l’épouvante parmi les quatre ou cinq cents émigrants qu’emportait son bateau, et elle ne veut pas les prendre.

Ils retourneront à Singapour où on leur fait espérer un passage direct pour l’Australie. Mais, pour la même raison, nulle compagnie, ni anglaise, ni hollandaise, ni française, ne voulut prendre les Missionnaires à leurs bords, dans la crainte d’une quarantaine à Singapour. Les ennuis recommençaient donc, et, de plus, on leur disait que le choléra pouvait durer des mois entiers, six mois peut-être. Enfin, grâce à l’intervention des Pères Jésuites, un armateur hollandais consent à les conduire, à la condition qu’ils subiraient à Singapour la quarantaine que l’on jugerait bon de leur imposer.

Après deux jours de traversée, ils abordent à Singapour pour la troisième fois. Point de quarantaine : Dieu soit béni ! et un bateau, le Meath, est en partance pour l’Australie ! Sans plus tarder, ils vont pour retenir leurs places. Elles sont toutes prises. Cependant, tant leur hâte de partir était grande, ils proposent au capitaine de coucher sur le pont du navire ou sur les bancs du salon. Ils auraient fait bien d’autres sacrifices. Leur proposition est acceptée, et les voici en route pour Cooktown.

V

Sur le Meath se trouvaient, parmi les passagers, trois jeunes gens, deux Français et un Anglais, tous les trois parents, tous les trois protestants. La conversation roulait d’ordinaire sur les sauvages de la Nouvelle-Bretagne. « Pour combien d’années, demandaient les jeunes gens, allez-vous dans ces pays barbares ? — Pour toujours, si nos supérieurs ne nous rappellent pas en France. — Ce