porte. Je tremble de tous mes membres, comme s’il s’agissait d’un examen du doctorat. Peut-être cela me donne-t-il des airs embarrassés qui font croire que je suis fermé[1]. » Un autre reproche que lui fait le supérieur, c’est d’être trop mou dans la direction des enfants, trop doucereux ; l’humble Frère écrit le mot « trop collant ». S’il est un reproche auquel devait être sensible cette nature virile, c’est bien celui-là. Écoutez comme il s’en accuse ! « J’ai vu, une fois de plus, combien il est vrai que nos vénérés supérieurs ont des grâces d’état pour mettre le doigt juste sur la plaie. Si j’eusse été de verre, le Père n’aurait pas mieux vu. C’est bien cela. Je me recherche en tout. Je suis mollasse dans ma dévotion, trop tendrelet. Ce n’est point ce qu’il faut au Cœur de Jésus dont l’amour est aussi fort que tendre. Mon Dieu, faites que je comprenne bien la leçon, et que cette conférence marque dans ma vie comme un rayon de lumière sur mon intérieur !… Quel bonheur d’entendre mes supérieurs me parler clair ! Oh ! je n’ai pas à hésiter[2] !. » Plus souvent encore et pour ainsi dire continûment, le Révérend Père, comme s’il avait un pressentiment des destinées du futur apôtre, lui prêche l’humilité. Cette forte prédication tombait dans une terre bien préparée. « Il me semble toujours que je suis à charge à mes Frères et qu’ils font un acte de vertu toutes les fois qu’ils me parlent[3]. » — « Notre-Dame du Sacré-Cœur vient de faire encore un grand miracle, en guérissant une bonne religieuse d’un cancer. Nous avons assisté ce matin à la messe d’actions de grâces. J’ai prié ma Mère de me guérir du mauvais cancer de l’amour-propre qui gâte tout chez moi et me rend si désagréable aux yeux de Notre-Seigneur[4]. » — « Je me sens porté à bien aimer mes frères, à leur rendre beaucoup de services et à me cacher. Oui, je veux me faire oublier, m’oublier
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LE SCOLASTICAT