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LE SCOLASTICAT

Remerciez bien les serviteurs, le cuisinier et ce Frère coadjuteur qui a tant fait ; il est si bon ! » Puis, à de certains moments où il souffrait davantage : « Frère Verjus, que faire ? répétait-il. Que faire ? — La volonté du Sacré Cœur ! — Oh ! oui, la volonté du Sacré Cœur, en tout, partout, toujours. Oh ! qu’il est bon le Cœur de Jésus ! C’est un océan d’amour. » Une autre fois, au moment de préparer sa confession : « Suggérez-moi, disait-il, les devoirs d’un bon religieux afin que je fasse mon examen de conscience… » Puis : « Expliquez-moi les sept paroles de Notre-Seigneur en croix. » A ces mots : « Femme, voilà votre enfant ! » un éclair de bonheur illumina son front. Le seul nom de la très sainte Vierge le faisait tressaillir. Au sortir d’une crise plus longue et plus douloureuse : « Je me résigne tant que je puis, disait-il, cependant j’aurais été heureux de dire la sainte messe avant de mourir. » A son directeur qui lui demandait si rien ne le troublait, à ceux qui le venaient voir, il répétait : « J’aurais aimé à dire une fois la sainte messe. » Le Jeudi saint, il reçoit le viatique. « Quelle grâce, mon cher Frère, lui demanda-t-on, solliciterez-vous de Notre-Seigneur comme fruit de votre communion ? — D’abord la guérison, dit-il, puis la résignation à la volonté de Dieu. » Quelque temps après : « Oh ! mon Père, j’ai obtenu la grâce : je suis bien résigné. » La fièvre tomba. Le malade, toute la matinée, fut d’une gaieté charmante. On se reprenait à l’espoir. Mais, vers midi : « La nuit prochaine, dit-il, sera mauvaise. » Et, toute la soirée, il répétera cette parole. La nuit fut en effet très agitée. Vers 3 heures 1/2, on appelle le frère Verjus. « J’accours, raconte le cher infirmier. Le bon Frère avait perdu connaissance. Bientôt il revient à lui et me reconnaît. Prévoyant sa mort prochaine, je me mets au côté droit du lit et je prends intérieurement la résolution de ne pas le quitter qu’il n’ait rendu le dernier soupir. Je n’oublierai jamais ces paroles : « Frère Verjus, il est inutile que je vous le dise, je prierai pour vous et pour vos chères Mis-