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PRÉPARATION AUX MISSIONS

de fois il m’a parlé de vous ! Que de consolations il éprouve envoyant s’accroître tous les jours votre nombre, et en apprenant que vous êtes la joie de vos supérieurs[1] !…  »

Que sentait, que pensait, que disait le frère Verjus en entendant de telles paroles ? Demandons-le à son Journal : « Comme mon pauvre cœur palpitait ! Que de frémissements des pieds à la tète ! il est donc vrai que nos Pères sont arrivés, qu’ils ont été bien reçus et qu’ils ont commencé ! Quelles actions de grâces sont montées de mon cœur ! Les Pères veulent des aides. Ils préparent déjà une maison pour ceux qu’ils attendent. O mon Dieu, partira-t-on, cette fois encore, sans votre pauvre petit et indigne serviteur ? Que votre règne arrive ! N’importe comment. Pourvu qu’il arrive, je suis content. Que votre volonté soit faite et non pas la mienne ! » Quelques semaines plus tard, on apprend par les journaux qu’un navire hollandais s’étant hasardé sur les côtes de Nouvelle-Guinée, plusieurs matelots ont été massacrés et mangés. « Quel malheur, écrit le Frère, qu’il ne se soit pas trouvé là de Missionnaire. Son sang, du moins, aurait germé des chrétiens. Mon Dieu, j’irais dès maintenant, sans autre préparation qu’une visite au Très Saint Sacrement et à ma bonne Mère du Ciel. Vive Jésus ! Il y aura de l’ouvrage en Guinée. Demain, je communierai pour les bourreaux et pour les pauvres victimes[2]. »

II

Tout en se donnant à ce qu’il appelle « le noviciat des Missions », il se prépare aux ordres sacrés. Déjà il a reçu les ordres moindres à Saint-Jean de Latran ; les deux premiers le 5 février 1882, les deux autres, dans la même église, le 4 mars suivant. « Portier ! Me voici donc, de par Dieu, gardien des églises et de la sainte Église… Je

  1. Voir dans les Annales de Notre-Dame du Sacré-Cœur, mars 1883, tout le discours du cardinal.
  2. 14 et 15 février 1883.