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Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/240

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LE SCOLASTICAT

nous avons déjà fait de larges emprunts, il épanchait ainsi son âme :

« Enfin le 1er novembre arriva. Vous souriez à l’idée d’une ordination le jour de la Toussaint. C’est singulier, en effet ; mais ici, à Rome, rien ne nous surprend.

« Comment vous décrire, bien cher Père, les dernières paroles de préparation ! Cette dernière nuit passée sans pouvoir dormir ! cette aurore impatiemment attendue !… Le R. Père supérieur, les Pères, les Frères, voulurent assister à l’ordination.

« Vous savez le reste, et vous savez que ce reste ne peut se dire.

« Je ne pouvais plus réfléchir ni penser. Je me sentais attiré si fortement à Notre-Seigneur ! L’union intime qui doit exister entre le Prêtre et Jésus Notre-Seigneur me frappait surtout. Je ne pouvais concevoir comment Notre-Seigneur consentirait à s’unir ainsi à moi ; mais je lui en étais profondément reconnaissant. Et ne sachant faire autre chose, je m’efforçais de lui exprimer combien j’aurais voulu lui rendre quelque chose pour tant d’amour. Je ne vous dis pas que j’étais heureux… J’étais hors de moi.

« Un horizon tout nouveau s’ouvrait. Accedant qui ordinandi sunt ad presbyteratum[1]. Comme j’attendais avec impatience ces heureuses paroles ! Enfin, elles furent prononcées. Je crus entendre notre chère petite Société, la Petite-Œuvre, qui, heureuses, m’appelaient à la prêtrise. Il me sembla surtout entendre la voix de ces millions de pauvres âmes qui, sans le savoir, sont cause de mon appel. Chères Missions ! elles furent ainsi cause de mon ordination, après avoir fait ma seule vraie joie, mon bonheur et ma consolation durant toute ma vie ! Vous imaginez bien, bon Père, que cette pensée doubla pour moi la joie de ce beau jour.

« Lorsqu’après la question : Scis illos esse dignos[2] ? et la

  1. Qu’ils s’approchent, ceux qui doivent être ordonnés prêtres ! (Paroles du Pontifical.)
  2. Savez-vous s’ils en sont dignes ?