XIII
L’APÔTRE
I
Au débarquement du P. Verjus et du frère Giuseppe de Santis, les sauvages sont venus en grand nombre ; mais leur attitude est froide et gênée. C’est à peine si quelques-uns manifestent leur joie de revoir les Missionnaires. Que s’est-il donc passé durant cette absence de quatre mois ? On ne tarde pas à l’apprendre. Chalmers, le ministre protestant de Port-Moresby, a visité Yule et, dit-on, les villages environnants. Il a même donné l’ordre de bâtir une maison pour un « teacher » qui va venir au beau temps. Les travaux sont commencés. En fallait-il davantage pour retourner ces natures impressionnables et mobiles ? Les Missionnaires catholiques n’étaient pas là, d’ailleurs, pour se défendre.
De plus, leur chaumière a été dévastée. Sans doute elle n’avait pas grande valeur puisqu’elle ne se composait que de deux toits en paille posés sur le sol ; mais enfin, cette destruction était un crime, et, d’après les coutumes du pays, le coupable devait être châtié. Mais, comment le découvrir ? Les gens de Rabao accusaient ceux de Waïma. Le chef Raouma, à qui le P. Verjus avait confié la garde de la hutte, n’osa pas se montrer. Non seulement il n’avait pas été gardien fidèle ; mais, d’après les rumeurs du village, le premier pillard, ce fut lui. En voilà suffisamment pour expliquer l’accueil réservé que firent au P. Verjus et à son Frère coadjuteur les indigènes.
Quand le soir tomba, les deux religieux dressèrent leur tente sur la colline. C’est là qu’ils gîteront jusqu’à ce qu’ils aient construit une autre cabane. Mais, tous les soirs, de violents orages éclatent. On se défend, comme on peut,