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Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/330

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L’APÔTRE

mois, à peu près tout le ministère du P. Verjus. Entre temps, il apprenait la langue et il aidait au frère Giuseppe à l’apprendre. Il observait les mœurs et coutumes des indigènes ; il les notait. « Ce soir, je suis allé au village pour assister à l’enterrement de Myria-Aitsi. Spectacle digne de compassion. Le mort est étendu sur la « maréa » (maison commune). Je lui fais un cadeau, il est bien reçu (par les parents) et apprécié. Ce sont des larmes, des cris, des baisers de consolation nez ; contre nez. On essuie les larmes des parents. Chacun crie et pleure à son tour. Les femmes sont ensanglantées. (Elles se déchirent, en signe de douleur, la tête et la poitrine, à coups de coquillages tranchants.) Quand on roule le mort dans sa natte, les cris redoublent. On l’enterre sous sa maison, dans le sable. Sa femme restera là sur la tombe, plusieurs jours, avec la famille. Mon Dieu, ayez pitié de ces pauvres aveugles. J’ai le cœur saignant[1]. »

Tous les jours il défrichait un peu et bâtissait. Pour se mettre à l’abri des déprédations presque continuelles des sauvages et leur éviter, autant que possible, la tentation de voler, il entoura la Mission d’une haie vive. Le 12 mars, il fit, en compagnie d’un sauvage, Méaouri, et de deux enfants, un petit voyage d’exploration qu’il raconte en ces termes : « Je sonde toute la côte nord de l’île Yule. Bon ancrage partons les vents qui règnent ici. On s’arrête dans un endroit où il y a de l’eau, pour reposer les rameurs et prendre un peu de forces. Le vent se lève juste au moment de passer l’entrée nord de Hall-Sound. En arrivant devant Pinoupaka, on appelle Bouré, le chef, qui nous donne deux bâtons pour pousser la barque, car on ne peut plus ramer. Un enfant tombe à l’eau. Heureusement il sait nager et revient vite dans la barque. On lutte longtemps, avec danger réel de sombrer ; mais Notre-Dame nous protège. L’eau entre dans la barque. Nous sommes mouillés jusqu’aux os ; mais on avance toujours. Enfin, nous voici à l’embouchure de la rivière. Passage extrêmement diffi-

  1. Journal, 25 février.