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LA PETITE-ŒUVRE


À défaut de ses lettres, nous avons un résumé de sa vie d’écolier fait par lui-même avant son entrée au noviciat et, de plus, nous avons des témoins authentiques : ses condisciples et ses maîtres.

En ce temps-là, les élèves des hautes classes formant une sorte de juvénat, à Saint-Gérand-le-Puy, au diocèse de Moulins, ils étaient douze à la Petite-Œuvre de Chezal-Benoît, douze comme au collège apostolique ; tous groupés dans une classe unique ; quelque chose qui pouvait ressembler à une sixième. Un Père et un Scolastique gouvernaient ce petit monde. Le Père, curé dans le voisinage, n’avait pu résister aux attraits du Sacré Cœur : il était venu à Issoudun. L’étudiant, hier encore pastoureau dans la plaine champenoise, gardait les agneaux de la Petite-Œuvre. On n’a pas oublié ces années déjà lointaines. Les Pères vivaient de la vie des enfants, travaillant, jouant, priant avec eux. C’était un régime affectueux, très simple, très doux, presque naïf. L’enseignement n’était pas plus élevé que le reste. Lhomond en faisait tous les frais. Le maître disait et l’élève croyait que rien n’était beau comme une règle de grammaire bien apprise ou comme une page d’analyse grammaticale bien faite. On goûtait fort, en été du moins et à l’automne, la manière d’enseigner du professeur d’arithmétique. Économe en même temps que professeur, souventes fois, avant de se rendre en classe, le maître passait par le fruitier ; il y cueillait pommes et poires, les exposait aux regards des élèves, puis, pour mieux expliquer les fractions, il les divisait et les distribuait. Excellente façon, disait-on parmi la gent écolière, d’ouvrir les intelligences.

Henry Verjus était l’aîné et aussi, étant arrivé à Pâques de l’année précédente, le plus ancien. Ajoutez que pour les études il avait quelques mois d’avance sur ses camarades. Or, comme on avait à la Petite-Œuvre un grand respect pour tout ce qui était hiérarchie et tradition, son droit d’aînesse et d’ancienneté lui donnait sur les nouveaux qui, pour la plupart, n’avaient pas encore ouvert le rudiment