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Page:Vaudon - Monseigneur Henry Verjus, 1899.djvu/43

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ajouté par un Père, ce couplet qui avait trait aux missions, rêve déjà de son âme ardente, ce couplet qui était pour lui « la morale de l’histoire » !

Et nous aussi, chez les sauvages,

Nous irons faire la leçon ;

J’espèr’que nous serons plus sages

Et plus util’s que Robinson.
Sans avoir peur, Et de bon cœur,
À les sauver nous mettrons notre ardeur.
S’il faut souffrir, S’il faut mourir,
Oui, nous irons un jour les convertir.
Mais, avant de fair’le voyage,

Mes amis, il faut travailler ;

Il nous faut écrire, étudier,

Et ne jamais perdre courage.

Les petites séances récréatives n’étaient pas les seuls délassements de nos écoliers. Chacun cultivait dans la cour, au pied des acacias, un jardinet. C’était à qui épanouirait les plus belles fleurs. L’un montrait avec orgueil ses dahlias et ses pavots ; l’autre ses capucines, celui-là ses gueules-de-lion et celui-ci les souples enroulements des plantes volubiles. Rivalités innocentes.

Aux jours fixés par la règle, on s’enfonçait dans la forêt voisine, sous les chênes. Parfois, dans les vertes profondeurs, on s’en allait jusqu’à Notre-Dame-de-l’Image. Aux heures chaudes, on côtoyait, parmi les ajoncs et les bruyères, l’étang de Bourniziou aux rives mélancoliques et l’on s’y baignait, ou bien l’on poussait jusqu’à la fraîche vallée de Sarmel et l’on péchait dans l’Arnon. Il arriva qu’aux vacances de Pâques on fit un pèlerinage dans l’Indre, près de Châteauroux, à Notre-Dame de Touvent, ravissante chapelle de la propriété du général Bertrand[1], et à Notre-Dame de Déols, la Vierge des miracles. Pendant les grandes vacances, ce fut merveille : une promenade dura quatre jours. On visita les bords de la Creuse, le

  1. Sa fille, Mme Thayer, en a fait depuis le don magnifique aux archevêques de Bourges.