de cela. À l’exemple de mon Jésus souffrant, je veux être prêt à souffrir les tourments les plus cruels et les plus longs, plutôt que de consentir à faire souffrir encore mon Jésus par des imperfections volontaires.
« Ô mon Jésus, je suis heureux d’avoir la fièvre et le mal de tête, depuis que je médite votre Passion. Augmentez mes peines. Avec votre grâce, je veux être fidèle. Je suis bien décidé à souffrir tout, en mon cœur, en mon honneur, en mon corps, comme Jésus… — Tout souffrir, sans me plaindre, jusque dans les petits détails. — Tout va parfaitement. Le bon Jésus me fait souffrir et me console en même temps. Oui, je veux souffrir et mourir toute ma vie, mourir à mes moindres petites volontés. »
Certes, ce sont là de beaux sentiments. Mais, pour courageux que l’on soit et saintement épris d’oraison, quand une retraite dure trente jours, quatre méditations par jour, d’une heure chacune, sans en compter la préparation et l’examen, sans compter les autres exercices, c’est un rude labeur, et il n’est point surprenant qu’il y ait des moments de fatigue, de malaise, même de souffrance, et que l’on soit tenté quelquefois de découragement. Les meilleurs ont passé par là. Le frère Verjus eut le sort commun.
« J’ai eu une assez forte fièvre qui m’a empêché de méditer. Le démon m’a tenté d’une façon formidable. Il aurait voulu, à cause de ma maladie, me faire cesser la retraite, parce que cela me fatigue. J’ai failli succomber ; mais le Sacré Cœur m’a aidé. Quand je ne pourrai rien faire, je me tiendrai en présence de Jésus-Christ souffrant, comme un compagnon de misère ; mais, je veux suivre la communauté, tant que mes forces y suffiront. Ou vaincre ou mourir. Désolation complète. Mal de tête. Fièvre. Ô mon Jésus, le démon rirait bien, s’il me voyait quitter la retraite ; mais dussé-je en sortir à l’agonie, je suivrai, jusqu’à la dernière seconde, la communauté, heureux qu’on me souffre parmi tant de saints. Quelle ferveur d’un côté ! Quelle lâcheté de l’autre ! »