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— 1793 - 1799 —

faire oublier leur exaltation révolutionnaire en l’abritant derrière des exagérations nouvelles, les royalistes organisèrent dans plusieurs provinces, dans celles du Midi surtout, des massacres où furent immolés bon nombre de républicains énergiques. Ces représailles sanglantes étaient difficiles à Paris, siége de la Convention, centre du gouvernement. Les éléments royalistes y étaient cependant nombreux. L’agence, chargée de les employer, les organisa, non pas en vue de vengeances isolées, mais pour un coup de main politique : elle résolut d’attaquer le gouvernement lui-même. Le 5 octobre 1795 (13 vendémiaire an IV), les gardes nationaux des quartiers opulents, entraînés sous le prétexte de sauver la liberté menacée par la constitution que préparait alors la Convention nationale, se portèrent sur les Tuileries, pour dissoudre cette assemblée. Un petit nombre de soldats conduits par le général Bonaparte, et soutenus par quelques patriotes résolus, ainsi que par le peuple des faubourgs, firent avorter cette insurrection, qui, fomentée au nom du droit républicain violé, n’avait pour but que le rétablissement de la monarchie.

Cet échec ne fut pas le seul que la cause royale éprouva dans le cours de 1795. Plusieurs mois auparavant, une flotte anglaise avait jeté sur la plage de Quiberon un corps nombreux d’émigrés au nombre desquels, par une fatalité étrange ou par la plus odieuse des prévisions, se trouvait la presque totalité des officiers de notre ancienne marine. Les Vendéens, de leur côté, obéissant à l’appel du comte d’Artois, avaient une seconde fois pris les armes. Arrêtée par le général Hoche et trahie par la rivalité jalouse et par l’impéritie de ses principaux chefs, l’expédition de Quiberon subit l’échec le plus complet : des dix mille émigrés débarqués dans la presqu’île, quelques-uns seulement revinrent en Angleterre. Le soulèvement de la Vendée n’eut pas un meilleur succès. Tout dépendait de la présence du comte d’Artois au milieu de