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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/148

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— 1813 —

théâtre de la guerre, et perdant, en outre, un temps précieux pour sa retraite. Le 5 juin, le lendemain, pour ainsi dire, de sa dernière victoire, les mêmes espérances d’arrangement pacifique lui firent signer à Plesswitz un armistice qui devait produire un résultat analogue à celui de son inaction de Moscou. « Cette suspension d’armes me fut bien funeste, a-t-il dit ; si j’avais continué la poursuite de l’ennemi, j’aurais dicté la paix sur les bords du Niémen. Les armées russe et prussienne étaient tellement désorganisées, qu’elles abandonnaient toutes les positions qui auraient pu faciliter leur ralliement, et il était à penser que la Vistule même ne leur paraîtrait pas une barrière suffisante pour arrêter mes armées victorieuses. » L’armistice de Plesswitz eut de tout autres résultats : non-seulement l’empereur de Russie et le roi de Prusse purent l’employer à réorganiser et à augmenter leurs forces ; mais, dix jours après la conclusion de cet acte, les 14 et 15 juin, Alexandre et Frédéric-Guillaume mettaient à profit la cessation momentanée des hostilités pour conclure une alliance offensive et défensive avec l’Angleterre, et pour signer à Reichenbach[1] deux traités par lesquels la cour de Londres accordait au Cabinet de Berlin un subside de 666,666 livres sterling (17,446,000 fr.), et au Cabinet de Saint-Pétersbourg, un subside de 1,333,334 livres sterling 33,600,000 fr.). L’Autriche devait entrer dans l’alliance ; un de ses ministres, le comte de Stadion, était au quartier général des deux souverains alliés, et venait d’y prendre des engagements au nom de sa cour. Mais l’Autriche n’était pas encore en mesure de se déclarer ; son armée ne se trouvait ni assez nombreuse ni convenablement organisée ; et, malgré ses efforts, elle avait encore besoin de deux mois pour achever ses préparatifs. Or l’armistice expirait le 10 juillet. Le cabinet de Vienne voulut gagner du temps. M. de Metternich fut chargé d’aller deman-

  1. Petite ville de la Silésie, à douze lieues de Breslau.