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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/150

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— 1813 —

des bases inébranlables votre dynastie, qui s’est confondue avec la mienne. » Une autre lettre, dont M. de Metternich était porteur, contenait les mêmes assurances ; voici en quels termes Napoléon a raconté l’entrevue qu’il accorda, dès son arrivée à Dresde, au premier ministre de son beau-père :

« Vous voilà donc enfin, Metternich ! Soyez le bienvenu. Mais pourquoi venir aussi tard, si, franchement, vous voulez la paix ? Pourquoi ne pas m’avoir avoué de prime abord les changements survenus dans votre politique ? Vous ne voulez plus garantir l’intégrité de l’empire français : eh bien, soit ; mais il fallait oser me parler avec franchise à mon retour de Russie. Peut-être aurais-je modifié mes plans ; peut-être ne serais-je pas rentré en campagne. Nous pouvions nous entendre ; j’ai toujours reconnu l’empire des circonstances.

Vous comptiez sans doute sur une marche moins rapide des événements ou sur moins de bonheur pour mes armes. Mais pourquoi me parler de médiation et m’engager à accorder un armistice dans le temps que vous parliez d’alliance à mes ennemis ? Sans votre intervention je les aurais refoulés au delà de la Vistule, et la paix serait signée. Tandis qu’aujourd’hui je ne connais encore d’autre résultat de votre intervention et de l’armistice que les conventions de Reichenbach, par lesquelles l’Angleterre s’engage à fournir à la Prusse et à la Russie cinquante millions de subsides pour me faire la guerre. On me parle aussi d’un traité semblable avec une troisième puissance ; vous devez en savoir plus que moi à cet égard, puisque le comte Stadion assistait aux conférences. Avouez-le, Metternich, l’Autriche n’a pris le rôle de médiateur que pour servir son ambition et ses rancunes contre moi. La médiation de l’Autriche n’est point impartiale, elle est ennemie. La victoire de Lutzen vous a fait sentir le besoin d’augmenter votre armée avant de vous déclarer. Vous avez voulu gagner du temps ; vous m’avez traîtreusement offert votre médiation, et vous m’avez imposé l’armistice. Aujourd’hui que vous avez