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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/196

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— 1813 —

sidérer comme essentiel par-dessus tous les autres en ce qui concerne les intérêts britanniques[1]. »

Non-seulement cette formelle opposition de la Puissance que ses subsides constituaient le trésorier de la coalition suffisait pour arrêter l’ouverture des conférences indiquées à Manheim, mais une suite d’événements graves survenus pendant les mois de novembre et de décembre venait, en outre, d’apporter dans la situation de chaque parti de rapides changements qui devaient nécessairement modifier d’une manière notable les résolutions des Alliés. Ainsi Napoléon commençait à lutter contre des difficultés intérieures qui ne s’étaient jamais manifestées et qu’il n’avait jamais prévues, tandis que les Alliés, dont les forces grossissaient dans des proportions colossales, gagnaient un immense terrain : au nord, la Hollande venait d’accueillir Bulow et ses Prussiens comme des sauveurs, et proclamait son indépendance ; au midi, Wellington avait franchi les Pyrénées et envahissait les départements français limitrophes ; à l’est, Murat, trahissant ses devoirs les plus saints et ses véritables intérêts, traitait avec l’Autriche et s’apprêtait à s’unir à cette puissance pour conduire toutes les forces de son royaume contre le prince Eugène, qui déjà tenait tête à une armée autrichienne commandée par le général Bellegarde. En un mot, vers le milieu de décembre, les immenses frontières de l’empire se trouvaient menacées au centre et entamées à leurs deux extrémités, et le courage ainsi que l’assurance étaient revenus aux chefs de la coalition.

Napoléon, à son retour de Leipsick, avait d’abord fixé l’ouverture du Corps législatif au 2 décembre. L’espérance de pouvoir annoncer officiellement la réunion du congrès de Manheim, fit proroger cette solennité au 19 ; mais l’attente demeura vaine : un nouveau délai pouvait alarmer l’opinion ; la

  1. Recueil des correspondances et dépêches de lord Castelreagh, second marquis de Londonderry.