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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/22

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— 1793 - 1799 —

Louis XVIII, partie par M. Wickham, résident anglais à Francfort, ainsi qu’une lettre du roi, dont nous citerons les passages suivants :

« Je dépose en vos mains, Monsieur, toute la plénitude de ma puissance et de mes droits ; faites-en l’usage que vous croirez nécessaire à mon service. Si les intelligences précieuses que vous avez à Paris et dans les provinces, si vos talents et votre caractère surtout pouvaient me permettre de craindre que quelque événement impossible à prévoir vous obligeât à sortir du royaume, c’est entre M. le prince de Condé et moi que vous trouveriez votre place. Si j’en connaissais une plus digne de vous, je vous l’offrirais.

Je me flatte que M. Wickham continuera de fournir avec la même générosité les secours que vous pourrez désirer. Je sens combien ils deviennent nécessaires lorsqu’il faut plus que jamais former et diriger l’opinion publique. Ne négligez rien pour produire cet effet, dont l’importance est si majeure.

M. Louis Fauche[1] vous remettra cette lettre ; je lui ai donné mes pouvoirs, afin que, dans le cas où vous jugerez à propos de faire faire des démarches auprès des généraux de l’armée d’Italie, elles n’éprouvent pas le moindre retard : vous êtes le maître de décider à cet égard. »

Cette lettre de Louis XVIII, datée de Mutzingen, le 9 juin 1796, faisait de Pichegru le chef politique de la contre-révolution ; il accepta ce rôle. Nommé par ses compatriotes membre du conseil des Cinq-Cents, il se rendit à Paris, décidé à renverser la République à l’aide des pouvoirs politiques chargés de la maintenir. On ne pouvait espérer d’atteindre ce but qu’en disposant de la majorité dans les deux Conseils législatifs ; Pichegru s’efforça d’obtenir cette majorité en ralliant successivement autour de lui, d’abord, les membres que leurs opinions ou leurs intérêts attachaient encore à l’ancien régime ; ensuite les monarchistes modérés, désignés sous le nom de constitutionnels de 89, puis un assez grand nombre de révolutionnaires repus qui désiraient placer leur position et leurs nouvelles richesses sous la protection d’un gouverne-

  1. Fauche-Borel, ancien imprimeur à Neufchâtel (Suisse).