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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/239

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— 1814 —

auditeurs se récriaient ; ils répondaient que les royalistes étaient nombreux, mais que la crainte de se compromettre inutilement les empêchait de se montrer. Ces conversations, d’abord simples confidences, aboutirent à une démarche plus significative. Un ancien marquis, M. de Vidranges, se rendit auprès du prince de Wurtemberg, et lui demanda quelles étaient les intentions des Alliés à l’égard du rétablissement de la maison de Bourbon. Le prince s’excusa de répondre, et conseilla au marquis de s’adresser directement à Alexandre. Encouragé et soutenu par MM. de Rochechouart et Rapatel, exalté par la pensée d’une glorieuse initiative, M. de Vidranges parvint à entraîner quelques-uns de ses amis, et, tous ensemble, ils se rendirent solennellement chez le Tzar, que les sollicitations de ses deux officiers d’état-major avaient décidé à leur accorder une audience.

Ce fut le 11 février, à midi, que cette députation fut reçue ; elle se composait de huit personnes, dont voici les noms : marquis de Vidranges, chevalier de Gouault, Richemont, de Montaigu, Mangin de Salabert, Gaulon, Delacour-Bureau, et Picard, médecin. Les deux premiers étaient décorés de la croix de Saint-Louis ; tous avaient arboré la cocarde blanche ; M. de Vidranges porta la parole en ces termes :

« Sire, organes de la plupart des honnêtes gens de Troyes, nous venons mettre aux genoux de Votre Majesté Impériale l’hommage de notre humble respect, et la supplier d’agréer le vœu que nous formons tous pour le rétablissement de la maison royale de Bourbon sur le trône de France. »

Alexandre répondit qu’il voyait la députation avec plaisir ; mais la démarche de ses membres, disait-il, lui semblait un peu prématurée. « Les chances de la guerre sont incertaines, ajouta le Tzar, et je serais fâché de vous voir sacrifiés. »

Cette réponse n’était pas fort encourageante : le marquis de Vidranges le comprit. MM. de Rochechouart et Rapatel lui avaient annoncé le débarquement du comte d’Artois sur le