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— 1793 - 1799 —

les dissentiments qui séparaient les différentes fractions politiques réunies contre le gouvernement devenaient plus manifestes et plus profonds. S’emparer de l’autorité ne suffisait pas. Quel serait le pouvoir qui remplacerait le pouvoir existant ? Là on cessait de s’entendre. Les uns, comme nous l’avons dit, exigeaient le rétablissement de l’ancien ordre de choses ; ceux-ci demandaient la Constitution de 1791 ; ceux-là n’acceptaient la Monarchie que dans les conditions actuelles, c’est-à-dire avec Louis XVIII à la place du Directoire. Le temps se perdait au milieu de tous ces débats, que Pichegru s’efforçait en vain d’ajourner après la victoire. Non-seulement on n’avançait pas, mais on laissait au gouvernement la facilité d’obtenir des renseignements plus complets sur la conjuration et le loisir de disposer tous ses moyens de défense.

Les premiers indices du complot furent donnés aux trois Directeurs par les révélations de l’abbé Brottier. Une correspondance volumineuse, saisie à Venise par le général Bonaparte sur un des principaux agents de l’émigration, le comte d’Antraigues, vint ensuite éclairer d’une vive lumière tous les points de ces révélations restés dans l’obscurité. Plusieurs de ces lettres, écrites de Paris, donnaient les détails les plus circonstanciés sur le plan adopté par Pichegru et par ses amis des deux Conseils ; elles disaient les moyens d’action convenus, citaient un grand nombre de noms, et ne laissaient ignorer que le moment choisi pour l’exécution. Ce moment, nous venons de dire les motifs qui l’avaient retardé. Le Directoire prit immédiatement la résolution de faire avancer vers le siège du gouvernement plusieurs corps de troupe, dont il confia le commandement au général Augereau, qui venait d’arriver d’Italie avec les pièces les plus essentielles de la correspondance de d’Antraigues, et que Bonaparte avait recommandé comme un républicain sur l’énergie duquel le Directoire pouvait compter.

Accablé sous le discrédit où sa désunion, l’incapacité de