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— 1793 - 1799 —

la République, les décréter ensuite d’accusation, puis les déporter, tel fut le plan adopté par Pichegru.

L’adjudant général Ramel, commandant les grenadiers de la garde du Corps législatif, était gagné ; les conspirateurs se croyaient dès lors sûrs du concours au moins passif de ses soldats ; 1,000 à 1,200 royalistes, armés secrètement, avaient en outre promis de se tenir à leur disposition ; enfin ils comptaient sur l’appui de plusieurs bataillons de la garde nationale parisienne, notoirement hostiles à la Révolution, que la Convention avait licenciés après le 13 vendémiaire, et que, en prévision de l’événement, un décret des Conseils venait de réorganiser. Ces forces, quelque misérables qu’elles fussent, suffisaient pour une attaque à l’improviste. La matinée du 18 fructidor (4 septembre) fut fixée pour ce coup de main.

Les triumvirs, pour emprunter le langage des royalistes, bien que sur leurs gardes, auraient peut-être été pris au dépourvu, si, le 17 au soir, un membre des Conseils, dit-on, un jeune débauché perdu de dettes, affirment le plus grand nombre[1], ne fût venu vendre aux trois Directeurs le secret de la conspiration. Ceux-ci ne perdirent pas de temps : les troupes d’Augereau franchirent les barrières de Paris dans la nuit même ; les maisons des principaux conspirateurs furent immédiatement cernées ; le Directoire, en un mot, procéda avec une rapidité si grande et un tel ensemble, qu’à six heures du matin toutes les arrestations étalent terminées. À huit heures, les députés qui n’avaient pas trempé dans le complot, avertis de l’événement se rendirent au lieu de leurs séances ; mais les salles de chaque Conseil étaient fermées ; des soldats en gardaient les portes ; on leur annonça que provisoirement les Cinq-Cents se réuniraient dans la salle de l’Odéon, et les Anciens à l’amphithéâtre de l’École de médecine. Ils s’y rendi-

  1. Le prince de Carency, fils aîné du duc de Lavaugayon, alors premier ministre de Louis XVIII.