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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/309

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— 1814 —

marche à notre secours. Secondez-le par une courte et vive résistance et conservons l’honneur français !

Paris, ce 29 mars 1814.

Joseph. »

Je reste avec vous, disait Joseph, dont les voitures et les bagages étaient déjà disposés pour le suivre le lendemain sur la route de Blois. Armons-nous ! s’écriait-il. Mais où et comment s’armer ? Non-seulement Joseph ne le disait pas ; mais dans ce moment-là même le ministre de la guerre et le commandant de Paris refusaient des fusils et des munitions à la garde nationale.

Si un lieu d’armement ou de réunion avait été indiqué, plusieurs milliers d’hommes auraient immédiatement quitté les boulevards pour aller se mettre en mesure de repousser l’ennemi. Forcés à l’inaction par l’inconcevable silence du frère de l’Empereur, ils en étaient réduits à commenter sa proclamation. Le départ de l’Impératrice et du roi de Rome occupa d’abord les groupes ; cet abandon, cause d’étonnement pour tous, indignait une partie de la foule. Des gardes nationaux en uniforme venaient-ils à passer, on les abordait vivement : « Vous auriez dû vous opposer à ce départ, même par la force ! leur criait-on ; Marie-Louise aurait fait respecter Paris ! » Les détonations de l’artillerie des corps alliés qui, à ce moment-là même (deux heures et demie), poussaient le général Compans devant eux, et s’emparaient des approches de Romainville, venaient, de temps à autre, interrompre ces discussions. « C’est l’artillerie de la garde nationale qui s’exerce à Vincennes, disaient quelques personnes[1]. — Non, répliquaient d’autres curieux, c’est

  1. Le bruit lointain de l’artillerie des corps français ou alliés qui, durant le cours de cette campagne, s’étaient le plus approchés de Paris, avait porté l’alarme, à différentes reprises, dans les faubourgs de cette capitale. Pour apaiser ces terreurs, le gouvernement fit publier, dans tous les journaux du 26 mars, une note où il était dit que tous les jours les artilleurs de la garde nationale s’exerçaient à Vincennes. Or la garde nationale n’avait ni canonniers ni canons.