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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/329

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— 1814 —

restais, pourraient me vouloir prendre en otage ; que dirait l’Empereur, si un de ses frères se trouvait entre les mains de l’ennemi ! »

Le général Dejean voulut répliquer ; Joseph ne lui en donna pas le temps ; il enfonça ses éperons dans le ventre de son cheval, et reprit sa course, toujours suivi par Clarke et par Jérôme ; tous se rendaient à Blois. Le général Dejean, revenu à Paris, erra quelque temps à la recherche des deux maréchaux, et, vers les trois heures, arriva enfin sur les positions du maréchal Mortier.

Nous avons dit que le duc de Trévise était chargé de défendre la ligne comprise entre le canal et la basse Seine. Séparés de Marmont ainsi que des masses alliées par les deux faubourgs de la Chapelle-Saint-Denis et de la Villette, et réunis entre le premier de ces villages et Montmartre, les détachements placés sous les ordres de Mortier étaient restés, pour ainsi dire, sans adversaires durant tout le matin. Ce fut seulement vers les onze heures qu’ils eurent à repousser l’attaque de plusieurs corps avancés. Des charges de cavalerie et une vive canonnade suffirent longtemps pour arrêter l’ennemi dans cette direction. Le duc de Trévise se tenait, de sa personne, dans la partie de la plaine comprise entre Clignancourt et la Chapelle. C’est là que le trouva le général Dejean ; il était dans une extrême irritation lorsque ce dernier, se présenta ; son artillerie, sa principale force, venait de cesser le feu, faute de munitions. Le général lui fit connaître les ordres de l’Empereur et lui rendit compte de sa courte entrevue avec Joseph[1]. Le maréchal, comprenant l’importance d’une suspension

  1. Non-seulement nous tenons de la bouche même du général Dejean les détails qui précèdent ; mais nous les avons littéralement transcrits d’un agenda où cet aide de Camp de l’Empereur prenait note, heure par heure, pour ainsi dire, des ordres verbaux qu’il était chargé de porter, des faits dont il était témoin, des impressions qu’il en ressentait, en un mot, de tout ce qui pouvait servir de base aux rapports qu’il rendait à Napoléon ; ces détails furent écrits le soir même du 30 mars.