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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/339

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— 1814 —

prochée à ce maréchal comme un acte d’infâme trahison. — Joseph Bonaparte, Clarke, duc de Feltre, et le général Hullin, voilà les seuls noms sur qui doit éternellement peser le fatal souvenir de la première capitulation de Paris. Le maréchal Marmont était encore un des plus nobles soldats de notre armée, au 30 mars 1814 !

L’Empereur se montrait plus équitable le soir même, quand, arrivé à dix heures à Fromenteau, il apprenait de la bouche du général Belliard les détails de cette funeste journée.

« Eh bien, Belliard, s’écria-t-il quand il aperçut ce général, qu’est-ce que cela ? Vous ici avec votre cavalerie ? où donc est l’ennemi ? — Aux portes de Paris, Sire. — Et l’armée ? — Elle me suit. — Elle vous suit ! Et qui donc garde Paris ? — La garde nationale. — Que sont devenus ma femme, mon fils ? Où est Mortier ? où est Marmont ? — L’Impératrice et le roi de Rome sont partis hier pour Rambouillet ; les maréchaux sont sans doute encore à Paris pour terminer leurs arrangements. »

Le général fit alors un récit succinct de la bataille. « Eh bien, messieurs, dit Napoléon au duc de Vicence et au prince de Neufchâtel, qui venaient d’arriver, vous entendez ce que dit Belliard ? Allons ! je veux aller à Paris ; partons ! Caulaincourt, faites avancer ma voiture ! »

Le général Belliard fit observer à Napoléon qu’il ne pouvait aller plus loin, qu’il n’y avait probablement plus de troupes à Paris. « C’est égal, dit l’Empereur, j’y trouverai la garde nationale ; l’armée me rejoindra demain ou après, et je rétablirai les affaires... Ma voiture !... Belliard, suivez-moi avec votre cavalerie ! — Mais, Sire, Votre Majesté s’expose à se faire prendre et à faire saccager Paris. Plus de 120,000 hommes occupent toutes les hauteurs environnantes. D’ailleurs, j’en suis sorti en vertu d’une convention, et je ne peux y rentrer. — Quelle est cette convention ? — Je ne la connais pas, Sire ; seulement le duc de Trévise m’a prévenu qu’elle existait et