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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/353

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— 1814 —

cauld, dont la famille, ruinée par la Révolution, avait été comblée des bienfaits de l’Empereur, qui s’était empressé de lui restituer tous ses biens non vendus, s’approcha du grand-duc et lui adressa quelques mots que ce dernier accueillit avec une froideur marquée. M. Sosthènes parut insister ; un geste de hauteur dédaigneuse, accompagné de ces paroles prononcées assez haut : Cela ne me regarde pas, mit fin à l’incident. Voici ce qui se passait.

Lorsque la tête de la colonne alliée était arrivée en face de la rue de la Paix, quelques-uns des cavaliers royalistes qui la précédaient, voyant les regards des souverains et ceux de leur nombreux état-major se diriger curieusement vers la colonne de la place Vendôme, avaient eu aussitôt la pensée de fêter l’entrée triomphante de l’ennemi en abattant, sous ses yeux, et pendant le défilé de ses masses sur le boulevard, la statue placée au sommet de ce monument. MM. Sosthènes de la Rochefoucauld et de Maubreuil, entre autres, suivis par un groupe de leurs compagnons, s’étaient immédiatement détachés du cortége et mis en devoir de faire tomber Napoléon de son glorieux piédestal. Des cordes avaient été passées au cou de la statue, et MM. de Maubreuil, Sosthènes, ainsi que leurs amis, se faisant aider par quelques misérables auxquels ils jetaient des pièces de 5 francs, s’étaient eux-mêmes attelés aux cordes ; mais c’est à peine s’ils étaient parvenus à les tenir tendues. Ils avaient alors eu recours à leurs montures. Ces chevaux, parmi lesquels figurait celui de M. de Maubreuil, ayant la croix de la Légion d’honneur de son cavalier suspendue à la queue, n’avaient pas fait mieux que les hommes. Ce peu de succès fut attribué à l’insuffisance des forces dont on pouvait disposer. M. Sosthènes de la Rochefoucauld se chargea d’aller demander du renfort aux chefs de l’armée alliée ; il s’adressa au grand-duc Constantin. Nous venons de dire l’impression que produisit son indigne requête, même sur ce Tartare.

Il y eut plus d’une extravagance et plus d’une honte dans