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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/396

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— 1814 —

sion. Le projet partait d’un esprit insensé, s’écriait-on ; c’était un coup de tête qui devait amener la destruction de l’armée et la ruine de Paris. Paris ! tous y avaient leurs hôtels, leur famille, leur fortune. Quelques pourparlers eurent lieu à la hâte : une heure auparavant, on devait se borner à conseiller l’abdication ; la résolution fut prise de la demander formellement, et, au besoin, de l’exiger.

Chaque jour, à midi, il y avait parade dans la cour du Cheval-Blanc. Les troupes qui défilèrent, ce jour-là, étaient nombreuses, ardentes, et s’attendaient à se mettre immédiatement en marche. Le défilé fini, Napoléon rentra dans ses appartements, reconduit par le haut état-major. Arrivé dans le dernier salon, où les maréchaux seuls le suivirent, Macdonald s’approcha, tenant à la main une lettre que lui avait adressée le général Beurnonville, et dans laquelle ce membre du gouvernement provisoire annonçait au maréchal le décret de déchéance rendu l’avant-veille, ainsi que l’intention des Alliés de ne plus traiter avec Napoléon ni avec aucun membre de sa famille. De tous les maréchaux alors présents à Fontainebleau, Macdonald était le plus calme, le plus réservé ; c’était cette attitude précisément qui avait donné à ses collègues la pensée de se servir de lui pour entamer la discussion. « Qu’est-ce que cela ? dit l’Empereur en prenant la lettre des mains du duc de Tarente. — Voyez, Sire, répondit ce dernier. — Cette lettre peut-elle être lue tout haut, monsieur le maréchal ? — Oui, Sire. »

Un secrétaire du cabinet la prit et la lut. La physionomie de l’Empereur, qu’interrogeaient avidement tous les maréchaux, resta calme. « Demain, nous aurons raison de tout cela, dit l’Empereur quand la lecture fut achevée. Je compte sur vous, messieurs, » ajouta-t-il en s’adressant aux maréchaux.

Les détails de la scène qui suivit n’ont été connus que par les confidences des personnages alors enfermés avec l’Empereur. Quelques-uns ont probablement exagéré leur rôle dans