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— 1793 - 1799 —

paré pour la fin de la journée revinrent à la charge et renouvelèrent leurs questions. Cornet se récria ; insister, disait-il, c’était nier la conspiration ; or Bonaparte lui-même venait de la dénoncer ; Bonaparte en avait donc imposé à l’Assemblée ! il en avait donc menti ! Cornet paraissait dominé par l’indignation la plus vive. Un de ses collègues vint à son secours en proposant de renouveler le serment de fidélité à la République et à la Constitution de l’an III. La motion fut si longuement appuyée, si longuement combattue, que le Conseil discutait encore, lorsque plusieurs représentants accourent annoncer que les Cinq-Cents viennent de se dissoudre. C’était l’instant attendu. Nous devons dire ce qui s’était passé dans cette dernière Assemblée.

Les Cinq-Cents n’avalent pu entrer en séance que vers les deux heures. La plupart des membres ne connaissaient que fort imparfaitement les événements de la veille. Si la majorité était composée d’hommes timides, mais sincèrement attachés à la Constitution de l’an III, un certain nombre de députés, qui avaient conservé la ferveur et l’énergie républicaines des premiers temps de la Révolution, étaient résolus, non-seulement à résister, mais encore à comprimer vigoureusement toute tentative contre-révolutionnaire, et à faire une sévère justice des coupables. La séance ouverte, plusieurs membres se précipitent à la tribune pour protester contre le décret de translation. L’un d’eux, Delbrel, ayant mis une certaine véhémence dans son langage, est interrompu par Lucien Bonaparte, alors président du Conseil. « Les baïonnettes ne nous effrayent pas, s’écria Delbrel ; nous sommes libres ici ! » Des cris de vive la République ! point de dictature ! à bas les traîtres ! accueillent ces paroles. Le débat s’engage immédiatement sur les mesures que le Conseil doit adopter. Un membre demande que chaque député, avant toute discussion, soit tenu de renouveler son serment de fidélité à la Constitution de l’an III, et de jurer qu’il s’opposera à l’établissement de toute tyrannie. La