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— 1800 - 1807 —

surrection, l’élément royaliste, d’ailleurs, perdant chaque jour de son importance et de son énergie, les partisans de la maison de Bourbon finissaient par recourir aux complots, aux attaques individuelles, ressource désespérée, protestation dernière de tous les partis qui se retirent ou s’éteignent. L’histoire doit le dire : Louis XVIII ne prit jamais aucune part à ces attentats odieux[1] ; il faut en laisser le triste honneur au comte d’Artois, aux chefs de chouans qui l’entouraient à Londres, et dont les passions brutales étaient entretenues et soldées par le gouvernement anglais ; car, au 3 nivôse, comme à toutes les époques précédentes de notre Révolution, comme dans les années qui suivirent, ce fut l’Angleterre qui provoqua et soudoya les insurrections, les conjurations, les complots, les puissantes coalitions armées, que la République, le Consulat et l’Empire eurent successivement à comprimer ou à combattre ; elle y a dépensé plus de 20 milliards.

Ce fut un mois après l’explosion de la machine infernale, lorsque l’on avait connu à Saint-Pétersbourg les véritables auteurs de cet attentat, que Louis XVIII, sa famille et sa petite cour reçurent l’ordre de quitter Mittau. II leur fallut s’éloigner sur-le-champ. Ce voyage sous un ciel glacé, au milieu de forêts ou de steppes couvertes de neige, mit à de rudes épreuves la résignation du chef de la maison de Bourbon, ainsi que le courage de la jeune orpheline qui avait quitté les splendeurs de la cour de Vienne pour les douleurs de ce triste exil. L’intensité du froid, la difficulté des chemins, forcèrent plus d’une fois les voyageurs de quitter leurs voitures, et de faire à pied de longs trajets qui n’étaient pas toujours sans périls. Un jour, entre autres, les exilés s’égarèrent, et ce fut seulement après toute une soirée et toute une nuit de la

  1. « Jamais, a dit Napoléon à Sainte-Hélène, je n’ai trouvé Louis XVIII dans une conspiration directe contre ma vie, ce qui a été, l’on peut le dire, permanent ailleurs. Je n’ai jamais connu de ce prince que des plans systématiques, des opérations idéales, » etc.