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— 1800 - 1807 —

quement s’effectua dans une petite baie du Morbihan. Un quatrième avait été préparé ; mais le navire chargé de l’opérer ayant été aperçu, les royalistes qu’il portait renoncèrent à descendre. À mesure qu’arrivaient les conjurés, on les confiait à des guides du parti, qui, marchant seulement la nuit et par des chemins de traverse, les déposaient, chaque matin, dans des fermes et des maisons isolées où leur gîte était disposé à l’avance. Les guides, qui les prenaient à quelques lieues de Paris, étaient chargés de leur faire franchir les barrières et de les conduire au domicile désigné pour chacun d’eux.

Le complot avait été divisé en deux parts : d’abord l’assassinat du Premier Consul, puis l’établissement d’un pouvoir nouveau. Georges et ses chouans s’étaient chargés du meurtre ; on se reposait, pour l’exécution de la partie politique de la conjuration, sur l’influence et l’énergie de Pichegru et sur la complicité du général Moreau.

Si la grande majorité des citoyens, satisfaite du calme et de la régularité que Bonaparte avait fait succéder aux luttes de la Convention et aux désordres du Directoire, acceptait sans murmurer la dictature consulaire ; si une notable portion avait accueilli avec reconnaissance la fermeture de la liste des émigrés, le retour des proscrits de tous les régimes et le rétablissement du culte catholique ; en revanche, il existait dans la partie active de la population, dans certains corps de l’armée surtout, une répulsion assez vive contre toutes les mesures qui tendaient à réhabiliter les hommes ou les choses de l’ancien régime, et contre tous les actes qui semblaient annoncer chez le Premier Consul la pensée de substituer sa dictature militaire au système d’égalité consacré par douze années de révolution. Lors de la promulgation du concordat, une grande cérémonie religieuse avait solennisé cet événement dans la métropole de Paris. Bonaparte s’y était rendu avec un nombreux cortége. Au retour de Notre-Dame, jetant les yeux sur un groupe de généraux qui l’avaient accompagné,