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— 1800 - 1807 —

et la dévotion la plus fervente, portait constamment à son cou un médaillon renfermant de prétendues parcelles de la vraie croix. Cette fille avait loué, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, deux pièces placées à deux étages différents. La chambre du rez-de-chaussée avait été convertie par elle en une boutique de fruitière ; la pièce du premier étage, où elle couchait, recélait Georges et deux de ses complices.

Quelles que fussent les précautions dont s’entourât la fille Hizay, son apparition dans le quartier et quelques maladresses dans son rôle de fruitière, éveillèrent les soupçons des voisins. La police fut avertie. Inquiet du nombre des désœuvrés qu’il voyait rôder autour de la maison, Georges voulut changer de retraite. Le 18 ventôse (10 mars), vers les sept heures et demie du soir, il s’arma d’un poignard et de deux pistolets, monta dans un cabriolet que lui amena Léridan, un des conjurés, et crut pouvoir s’échapper à la faveur de la nuit. « Où faut-il aller ? lui demanda Léridan. — Ma foi, je n’en sais rien, répondit Georges ; mais va toujours devant toi et fouette fort. » Le cabriolet remonta la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, prit successivement la rue des Amandiers, la place Saint-Étienne-du-Mont, la rue Saint-Étienne-des-Grès, le passage des Jacobins, remonta vers la place Saint-Michel, et là, tournant subitement à droite, entra dans la rue des Fossés-Monsieur-le-Prince, qu’il descendit avec la plus grande rapidité.

Deux inspecteurs de police, les nommés Buffet et Caniole, placés en observation devant la boutique de la fille Hizay, n’avaient pas quitté la voiture depuis la sortie de Georges. La vitesse que venaient de lui imprimer ses conducteurs leur fit craindre de perdre sa trace ; ils se décidèrent à l’arrêter. Tous deux s’élancèrent à la bride du cheval. Georges, d’un coup de pistolet, casse la tête de Buffet, et, sautant à terre, lâche un second coup de feu sur Caniole, qu’il atteint au côté. Caniole ne tombe pas sur le coup ; il conserve assez de force pour courir après Georges. Au bruit des deux détonations, aux cris à