Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
— 1815 —

pourtant exigeait ce sacrifice, il serait nécessaire de prendre des arrangements pour la fixation des frontières, la fortification des places, et sur les relations commerciales, ainsi que sur la ligne de défense de l’Allemagne méridionale. »

La question de la Saxe se trouvait donc vivement engagée le 1er novembre, lorsque eut lieu l’ouverture définitive du congrès sous la présidence de M. de Metternich. Dès la première séance, les représentants de la cour de Berlin renouvelèrent leur demande pour l’incorporation de la Saxe aux États prussiens.

Représentant d’un roi restauré, M. de Talleyrand, à défaut d’un autre rôle, affectait, devant ses collègues du congrès, l’attitude d’un champion inflexible du principe de la légitimité, mot nouveau en politique, créé au mois d’avril 1814 pour faire un titre aux Bourbons, et qu’il se glorifiait d’avoir inventé. Le lendemain 2, conseillé, sollicité par l’Angleterre et par l’Autriche, M. de Talleyrand répondit le premier, à la demande de la Prusse, par une note concertée avec lord Castlereagh et M. de Metternich, et dans laquelle, repoussant la dépossession du roi de Saxe, il disait : « que ce monarque n’avait été ni accusé ni interrogé ; qu’il n’existait aucun tribunal compétent pour prononcer sur lui ; qu’on ne pouvait lui imputer à crime sa conduite, sans faire en même temps le procès à tous les princes qui avaient traité avec Napoléon ; qu’un seul souverain, le roi de France, était peut-être en droit de juger Frédéric-Auguste, et que Louis XVIII l’absolvait ; que la Saxe, d’ailleurs, demandait le retour de son roi ; que l’Allemagne, d’un autre côté, réclamait l’intégrité des droits de tous, et les verrait compromis par le sacrifice de la Saxe ; enfin, que l’incorporation demandée compromettrait infailliblement la tranquillité de l’Europe par les rivalités que ce nouveau point de contact soulèverait entre la Prusse et l’Autriche. »

Le surlendemain 4, le roi Frédéric-Auguste, alors retenu à Friedrichofeld par ordre des souverains, fit parvenir à son tour au congrès une protestation dans laquelle il déclarait