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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/233

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— 1815 —

appelé sur lui l’attention du baron de Vitrolles. « M. le duc d’Orléans, avait-il dit à Louis XVIII, ne peut demeurer au Palais-Royal quand le frère du roi et ses neveux quittent les Tuileries ; dans des circonstances comme celles-ci, la place du premier prince du sang est aux côtés de Monsieur. » Le roi décida que le duc partirait également pour Lyon. Cet ordre surprit désagréablement le prince ; il se rendit aux Tuileries dans le but de rassurer Louis XVIII sur son absolu dévouement et de l’amener à ne pas exiger son départ de Paris. Les principaux meneurs des intrigues où intervenait son nom ne lui avaient rien laissé ignorer ; on raconte que, dans son entrevue avec le roi, après avoir mis sa personne et sa fortune au service du chef de sa race, il fit connaître à ce dernier les dangers que pouvaient faire courir à la Monarchie les projets des conspirateurs militaires et civils dont nous avons dit les espérances au début de ce chapitre : « Il dénonça au roi leurs intentions, a dit M. la Fayette, et fut accusé, quoique bien à tort, je pense, d’avoir dénoncé les individus[1]. » Cette démarche était assurément de nature à désarmer la méfiance la plus profonde ; elle fut inutile ; le prince dut partir ; il quitta Paris le lendemain 7, à onze heures du matin. Sa capacité militaire et celle du comte d’Artois, ainsi que leur influence sur les soldats, n’inspiraient qu’une confiance médiocre à eux-mêmes et aux ministres. On résolut de leur adjoindre un homme du métier pour commander les troupes. Le maréchal Macdonald fut choisi.

Nous avons dit l’impression produite à Paris par la lecture du Moniteur du 7 mars ; les journaux royalistes, échos du gouvernement et de la cour, en reproduisant le lendemain les nouvelles de la feuille officielle, affectaient le calme le plus rassurant ; ils annonçaient « que Bonaparte avait inutilement sommé la ville de Digne ; que cette cité lui avait refusé le passage, et que, ne trouvant dans les campagnes, pas plus que

  1. Mémoires de M. de la Fayette, t. V, p. 353.