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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/306

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— 1815 —

Le duc d’Angoulême pensait ne pas devoir rencontrer de sérieuses difficultés dans l’occupation de ces deux villes importantes. Lyon, Grenoble et toutes les places voisines, dépourvues de leurs garnisons, que l’Empereur avait entraînées dans sa marche sur Paris, ne renfermaient pas, en effet, un soldat, tandis que le duc pouvait disposer, non-seulement de tous les régiments chargés de garder les ports ainsi que les places du littoral méditerranéen, régiments restés intacts, mais encore d’une masse considérable de volontaires royalistes fournis par toutes les villes de cette zone. Marseille, à elle seule, en donna 5,000. Ces forces, qui s’élevaient ensemble à 12 ou 13,000 hommes, furent divisées en deux corps ayant leur point de réunion, à Sisteron pour les troupes destinées à opérer sur Grenoble, et au Pont-Saint-Esprit pour celles destinées à agir contre Lyon. Le premier corps, placé sous le commandement supérieur du général de division Ernouf, avait pour généraux de brigade les généraux Gardanne et Loverdo ; le duc d’Angoulême, ayant pour chef d’état-major le général de division d’Aultanne, se réserva la direction personnelle du second.

Les troupes réunies à Sisteron purent se mettre en mouvement dès le 27 mars ; elles se composaient des 58e et 83e de ligne, formant une brigade confiée au général Gardanne, et de 3,000 volontaires marseillais conduits par le général Loverdo. L’artillerie comptait six bouches à feu. La marche de ce corps, pendant les deux premiers jours, ne fut pas inquiétée ; mais, une fois qu’il eut dépassé Gap, plusieurs détachements de gardes nationaux, avant-garde de forces assez considérables, suffirent pour l’arrêter. Aux premières nouvelles de la présence des troupes royales à Sisteron, les habitants de Grenoble, de Vizille, de la Mure, de Corps, s’étaient levés, en effet, comme un seul homme ; le reste du Dauphiné n’avait pas tardé à suivre leur exemple ; tous les gardes nationaux, pourvus de fusils, s’étaient dirigés en hâte sur Gap ; ceux qui manquaient d’armes, postés sur les hauteurs à l’entrée de chaque défilé,